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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 16:19

449px-L'Arbre à palabres

 Fréderic Keiff "L'Arbres à palabres"

Parler.

A temps perdu (au québec),

Sin orden ni concierto (sans ordre ni classement)

A trompicones (par a coups)

A pezzi e boconi (a morceaux et bouchée)

Sauter du talon à la branche (au pays bas)

 

Parler à bâtons rompus.

 

 

 

C’était le 26 mars dernier au Centre social de Charenton. Un moment d'échange et de parole entre femmes autour de "Prête-moi ta plume", petite fabrique de poésie. Mais cette fois c'est à l'oral que nous avons fait émerger histoires, souvenirs et réflexions. 

 

Nous avons lu puis laissé la parole errer et rebondir au gré de ce qui surgissait de la cage.


Voici des extraits choisis de tout ce qui a été pioché : citations, poèmes, images, mots, matière autour de laquelle broder et échanger.

 

...

  

Je me souviens....des lieux, des goûts, des odeurs, des bruits, des couleurs. Des promesses et des histoires de mon enfance.

 

Les femmes ont apporté des poèmes en forme de fleurs. L'une d'elles est venue avec les "Papillons" de Gérard de Nerval :

 

De toutes les belles choses

Qui nous manquent en hiver,

Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;

- Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;

- Moi, la moisson blondissante,

Chevelure des sillons ;

- Moi, le rossignol qui chante ;

- Et moi, les beaux papillons !

 

Le papillon, fleur sans tige,

Qui voltige,

Que l'on cueille en un réseau ;

Dans la nature infinie,

Harmonie

Entre la plante et l'oiseau !...

 

 

Les autres sont venues avec une envie de Prévert et d'école buissonnière, alors pour le plaisir, nous avons relu le célèbre Cancre: […] Et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec des craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur. 

 

 

 

Les souvenirs d'enfances sont comme de vieilles gravures.

L’enfance, lointaine, est comme une….


 

Chanson bête   

 

Maman,

Je voudrais être en argent.

Mon fils,

Tu auras bien froid.

Maman,

Je voudrais être de l’eau.

Mon fils,

Tu n’auras pas chaud.

Maman,

Brode-moi sur ton oreiller.

Oui, mon fils

Sans tarder ! 


Federico Garcia Lorca

 

 16

 

L’enfance à la magie des formulettes. En voici une pioche : 

- Tu m’aimes ? 

- Oui. 

- Restes, reste dans mon bateau

- Tu m’aimes ?

- Non.

- Tombe, tombe à l’eau !

 

8

 

Illustrations extraites de Quand serons nous diables ?

de Christian Bruel, Antoine Lefort et Emmannuel Pierrat, Etre.

 

 

L’enfance a ses obsessions. Ouvrons grand la fenêtre et chantons:

Vent frais, vent du matin.

Vent qui souffle, sommet des grands pins.

Joie du vent qui souffle, allons dans le grand…

Vent frais, vent du matin...

   

 

Et souvenons-nous, qu' « Il reste toujours quelque chose de l’enfance, toujours… » Marguerite Duras, Des journées dans les arbres

Des souvenirs de lavoirs par exemple, où l'on prenait le temps, de laver son linge sale en famille. Avant l’irruption dans les foyers de la Télé et de ses premières images: "Ce n’était pas Rintintin, c'était un match de foot ».

Les génériques d'alors ont remplacés les comptines d’antan : 

 
       Goldorack go, mission laser en action…

                 

                                                Albator, Albator..

                         Au pays de Candy…

 

 

 

                       Capitaine flammes tu n’es pas de notre galaxy....

 

Mais...

 

5

Illustration : De Bébé Cadum à Mamie Nova...Un siècle de personnages publicitaires, Forney

 

Voici la mère Denis qui fait s’envoler le lavoir et les chansons. On ne peut s’attarder indéfiniment sur l’enfance.  
 

Cette bonne femme, familière est comme la Lune : bienveillante. Et tout le monde se souvient d’elle.

La lune accrochée dans le ciel

Voit les humains tout petits.

Mais elle n'a pas de jambes

Pour courir derrière les voleurs,

Pas de bras pour serrer

L'enfant qui fait des cauchemars,

Pas de pieds pour danser.

Alors elle regarde, c'est tout.

 

Jeanine Tesson, poème extrait d'Au clair de la nuit, Motus, 2009

 

La lune est ronde comme un biscuit. Mais l’enfance d’aujourd’hui a ses plaisirs que notre raison ignore :"Ne te fatigues pas à faire un gâteau au chocolat, un pot de Nutella fera bien l'affaire"

 

Alors entre le Nutella et la télé, Janusz Korczak nous dit  : Comment aimer un enfant...

Vous dites :

C’est fatiguant de fréquenter les enfants.

Vous avez raison.

Vous ajoutez :

Parce qu’il faut se baisser, s’incliner,

Se courber,

Se faire tout petit.

Là vous avez tort,

Ce n’est pas cela qui fatigue le plus,

C’est le fait d’être obligé de s’élever,

De se mettre sur la pointe des pieds

Jusqu’à la hauteur de leurs sentiments,

Pour ne pas les blesser.

 

Et puis c'était mieux avant, tout le monde sait cela.

Si ce n'est ces souvenirs moins légers, ensevelis quelque part et auxquels on repense : "les maisons décédées" ou les arbres coupés.
 

 

« L’enfance c’est de croire qu’avec un sapin de Noël et trois flocons de neige toute la terre est changée. » André Laurendeau (Citation)
 
Alors ce qu'il faudrait, c'est retrouver cette simplicité innocente dont parle Daniel Mermet dans « Là-bas si j’y suis »
 
L'enfant qui joue c'est tout

Il faut des oreilles fraîches, bien dégagées pour écouter des enfants qui jouent.C’est tout.[…]Non pas l’enfant jouet, l’enfant monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets. Non pas l’enfant retrouvé mort écrasé dans sa chambre sous un tas de jouets, non pas l’enfant-objet, non pas l’enfant scotché- télé […]Non l’enfant qui joue c’est tout. [...]

L'enfant joue, se joue, se parle, se dessine, cherche sa place dans la glace, se fait un déguisement pour être reçu au concours de la vie, s'arrête, énigme. Essaie un rêve au moment où il se produit.


 

Mais finalement… «  Passé l’enfance, on devrait savoir, une fois pour toute, que rien n’est sérieux.» Jean Rostand (Carnet d’un biologiste)
 

Centre Social de Charenton

295, rue de Charenton

75012 Paris

01.43.07.49.10

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